Pourquoi je vois ce que je veux voir
Notre cerveau se laisse-t-il manipuler par les évènements, notre parti pris, notre motivation ? Avouez-le, combien de fois le match de l’équipe que vous avez supporté a-t-il été radicalement différent du match vécu par les supporters de l’équipe adverse ?
C’est à la suite d’un match de foot brutal entre Dartmouth et Princeton en 1951, qui a fait polémique entre les deux équipes, que Hastorf et Cantril, psychlogues, se sont demandé si les deux équipes avaient bien joué le même match l’une contre l’autre. Cette perception motivée – je ne vois que ce que je suis prête à voir- a donné lieu à leur fameuse étude Princeton-Dartmouth, mais a aussi levé de nombreuses questions entre autres « suis-je en train de me mentir ? ».
Eh bien non, Yuan Chang Leong et ses co-auteurs ont publié une étude en juillet 2019 qui montre que nous « voyons » bien les choses différemment (alors que nous regardons un même objet ou évènement), en fonction de ce que nous sommes disposés à voir. J’ai vraiment aimé cet article car s’il nous confirme que notre cerveau interprète déjà une réalité tout seul, ça se complique au fur et à mesure que les infos s’assemblent : nous sommes soumis à d’autres influences tels le contexte, ce sur quoi nous portons attention, les stéréotypes, la motivation, la récompense… qui imposent un biais de réponse, voire un biais de perception. Que peut-on y faire ? Attention. Car notre cerveau est intelligent, il est prédictif et recherche l’efficacité. En revanche nos partis pris sont silencieux dans notre esprit. La seule chose que nous puissions faire c’est ne pas céder à la tentation de l’opinion trop rapide, mais continuer à réfléchir toujours un peu plus…
Pour aller plus loin :
- How desire can warp our view of the world de Brian Resnik, (VOX, août 2019)
- Neurocomputational mechanisms underlying motivated seeing de Yuan Chang Leong et co-auteurs, (Nature Human Behavior, juillet 2019)
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