Selon Scott Sill, business angel, les dysfonctionnements relationnels au sein des équipes de direction ont un impact déterminant sur la performance financière des entreprises. C’est pourquoi il accorde aujourd’hui autant d’attention à ce qu’il appelle « l’analyse des personnalités » qu’aux études de marché.
À la tête d’un fonds spécialisé dans l’investissement dans les start-up, Scott Sill a constaté dès les premières années de son activité en 2003 que les mauvais retours sur investissements étaient presque toujours imputables à des dysfonctionnements relationnels. Pour apprendre à reconnaître et résoudre ces problèmes, il s’est alors adressé à Jody Foster (auteur de The Schmuck in my office). « La relation entre nous, les investisseurs qui siégons au board et prenons des décisions pour les entreprises dans lesquelles nous investissons, et les en- treprises elles-mêmes est toujours délicate. Mais en parvenant à mieux travailler ensemble, nous pouvons nous concentrer davantage sur la meilleure façon de développer ces entreprises. » Ménager l’égo d’un CEO narcissique
« Le narcissisme est une bonne chose chez un dirigeant, mais à petite dose, remarque Scott Sill. Dans les start-up, par exemple, c’est souvent ce qui rend les entrepreneurs particulièrement inno- vants. Mais les problèmes apparaissent lorsque ce trait de caractère les pousse à dissimuler les difficultés… qui refont surface lorsqu’il est trop tard pour y remédier ». Et les risques ne se limitent pas au refus d’admettre les problèmes.
« Ce trait de caractère peut être exceptionnel dans un contexte bien précis. Mais le narcissique peut aussi très vite devenir nuisible. » L’un des revers les plus coûteux qu’a connu CB Nesbitt & Co est lié à un CEO narcissique. « Je n’ai pas su cadrer correctement mes échanges avec lui, car je n’avais pas compris que j’avais affaire à quelqu’un ne supportant pas le moindre commentaire négatif sur son entreprise. Nous ne parvenions pas à nous comprendre et j’ai dû me séparer de lui, ce qui a coûté 5 millions de dollars à CB Nesbitt & Co. Si je pouvais revenir en arrière, j’essaierais de le garder en poste en jouant sur ses points forts ; j’orienterais dès le départ nos échanges sur les facteurs clés de réussite de l’entreprise, plutôt que le pointer du doigt. »
Depuis, Scott Sill sait identifier quand le narcissisme peut devenir problématique et a développé des stratégies de communication plus efficaces pour gérer ce type de personnalité. « En étant plus attentif, j’ai réussi à modifier la dynamique de mes relations avec les CEO narcissiques, se réjouit-il. J’ai par exemple appris à faire mes feedbacks sans froisser leur égo, afin de les convaincre d’accepter mon aide. »