Synthèse Comment déployer et ancrer une culture d’agilité ?
Outils et talents, s’ils sont nécessaires pour réussir toute transformation digitale, sont loin d’être suffisants. Bien au contraire, encore faut-il déployer une culture qui encourage la cohésion, la coopération et l’agilité. Il en va de la performance collective.
Selon une étude de McKinsey1 de 2016, la culture d’entreprise a un fort impact sur la performance : les silos, l’aversion au risque, l’absence de vision globale sont autant d’obstacles culturels corrélés avec une performance économique négative. En 2002, les acteurs de la Silicon Valley étaient en compétition pour construire le système de publicité en ligne du futur – un marché de plusieurs milliards de dollars. En créant AdWords, le Petit Poucet d’alors, Google a gagné la bataille contre le géant Overture, aux ressources humaines, techniques et nancières pourtant bien supérieures. La raison ? Overture était ralenti par un fonctionnement bureaucratique et rigide quand Google favorisait con ance, souplesse et la collaboration. C’est la culture, et non la maîtrise des algorithmes, qui a fait la différence.
Forger une culture agile : une compétence qui s’apprend
Google est un modèle d’entreprise agile et apprenante, capable de naviguer dans un contexte de remise en question permanente. Son succès repose sur un fort degré d’engagement et de coopération de ses collaborateurs. Un tel niveau de cohésion n’était pas inscrit dans son ADN : il s’est construit dans le temps. Selon Daniel Coyle, une telle culture collaborative et fluide se construit par un processus volontaire : coopérer requière de l’entrainement ; la motivation et l’engagement se travaillent aussi. Coyle a ainsi identifié les trois messages clés que les leaders des entreprises agiles adressent constamment à leurs équipes : 1) Vous êtes en sécurité. 2) Nous partageons les risques. 3) Voici les objectifs et les valeurs que nous poursuivons ensemble. Réactualisés sans relâche, ces messages nourrissent le sentiment d’appartenance, la confiance et l’engagement.
Créer une alchimie de groupe : la clé de la performance
Les groupes les plus performants ne sont pas forcément composés des sujets les plus brillants et expérimentés : ce ne sont pas les compétences individuelles qui déterminent la réussite, mais la qualité des interactions entre les membres de l’équipe – leur alchimie. Illustration : « l’épreuve du marshmallow », imaginée par l’ingénieur Peter Skillman et mis en scène dans la conférence TED de Tom Wu-jec2. À ce jeu de construction de la tour la plus élevée, à partir de spaghettis secs, de Scotch et de Marshmallows, des équipes d’enfants de maternelle ont battu des étudiants de Stanford, des universités de Taiwan et de Tokyo, des avocats et des PDG. Pourquoi ? Les enfants sont dégagés des considérations liées au statut et à la légitimité. Ils se sentent en sécurité et en con ance avec leurs pairs. Ils agissent naturellement de concert, concentrant leur énergie sur la tâche à accomplir. Alors comment reproduire une telle alchimie dans vos équipes ? Soignez bien les interactions sociales qui connectent les individus au quotidien : favorisez la proximité physique, les échanges à bâtons rompus, l’humour, l’entraide et les petites attentions entre collègues. Mieux vaut travailler chaque jour à tisser des liens de proximité forts qu’investir dans de grands événements ponctuels, qui ne fédèrent aucunement, dans le fond.
1. McKinsey Digital Survey 2016, étude basée sur les réponses de 2135 managers.
2. « Bâtissez une tour, bâtissez une équipe », Tom Wujec (Ted.com, février 2010).
Extrait de Business Digest N°285, avril 2018
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Publié par Caroline Schuurman