Pour un Facebook coté au Nasdaq, combien d’autres réseaux sociaux du même acabit ont disparu sans laisser la moindre trace sur le web ? Les chiffres parlent, et ils ne sont pas tendres : selon l’Insee, le taux d’échec des start-up frôlerait les 50 % après 5 ans. Pour bon nombre d’observateurs, le « déchet » serait même plus près des 90 %… Sans parler des innombrables projets innovants des entreprises de toutes tailles qui font pschitt ou sont abandonnés avant d’avoir causé trop de dégâts. Éric Ries lui-même connaît parfaitement le goût amer de la débâcle, ressenti à plusieurs occasions au cours de sa longue carrière de serial entrepreneur. Et à force de chercher à mettre le doigt sur les raisons de ses mésaventures, il a fini par développer sa propre méthodologie de l’innovation, inspirée à la fois de la théorie du « développement par la clientèle » de Steve Blank et des fondements des démarches Lean, déployées dans l’industrie dans les sillages de Toyota. Selon lui, le facteur clé de succès des projets innovants n’est pas l’idée initiale mais le processus « apprenant » qui permet à l’entreprise de la développer de manière robuste.
L’innovation en mode start-up
La méthode
Lean start-up est une approche de l’innovation (nouveau produit, nouvelle activité, etc.) qui repose sur la conversation client, l’expérimentation continue et l’apprentissage itératif. Elle a pour objectif de réduire le temps de l’innovation tout en maîtrisant les risques grâce à la mesure régulière des progrès réalisés et à l’écoute constante des utilisateurs. Selon Éric Ries, la méthode
Lean start-up est utilisable que vous innoviez dans votre garage ou dans un groupe de 10 000 collaborateurs.
Penser « valeur client »
Dans les entreprises traditionnelles, les circuits de l’innovation ont trop souvent tendance à partir du produit pour aller ensuite vers le client. Dans la pensée Lean, c’est l’inverse, seule chose qui compte : le bénéfice apporté au client. Tant que cette question n’est pas réglée, s’intéresser à autre chose – caractéristiques techniques, prix, canaux de distribution, etc. – est une perte de temps et d’argent. La priorité est donc de bien connaître votre client et ce dont il a besoin. Cela ne signifie pas qu’il faille attendre que des clients potentiels vous fournissent l’idée du siècle, mais que votre solution doit répondre à un problème identifié par des consommateurs et que ces derniers soient en nombre suffisant pour faire vivre et grandir votre projet. Parce qu’elles ont négligé cette étape d’innombrables start-up ont lancé des services formidables… dont personne n’avait besoin. Dans l’ordre, les trois questions clés à vous poser avant de vous lancer dans un projet d’innovation : est-ce que les consommateurs reconnaissent qu’ils ont le problème que nous essayons de résoudre ? S’il y avait une solution, lesquels d’entre eux l’achèteraient ? Et à qui l’achèteraient-ils ? Une fois trouvée la réponse à ces questions, vous pourrez alors poser celle qui permettra de passer à la phase suivante : « et nous, pouvons-nous construire une solution à ce problème ? »