Quand Pontus Bodelsson prend ses fonctions de CEO en 2015, le groupe de presse HD-Sydsvenskan, qui diffuse six journaux en Suède et publie trois sites Web d’informations, est en pleine mutation. Comme beaucoup d’acteurs du secteur des médias, l’entreprise n’a pas compris suffisamment tôt tous les impacts de la révolution digitale et n’a pas su faire évoluer suffisamment son business model. Pour favoriser la transformation de son entreprise le CEO œuvre depuis 2016 à développer une forte culture du questionnement.
L’urgence crée de la stupidité organisationnelle …
« Le professeur Mats Alvesson ne cesse de remettre en question les habitudes que les dirigeants tiennent pour efficaces. Son dernier livre The Stupidity Paradox, est provoquant, il m’a poussé à réfléchir à mes propres pratiques ». Réfléchir, une aptitude pour laquelle la plupart des individus sont naturellement outillés, mais qui fait parfois défaut en entreprise, surtout en période de changement permanent et de course frénétique, concurrence de nouveaux pure players, gratuité, etc. La crise du monde de la presse les oblige à se réinventer. Mais les difficultés financières créent un sentiment d’urgence qui ne laisse de temps à rien : « pour que l’entreprise fonctionne vite, nous nous persuadons que réfléchir est une perte de temps, et que les équipes doivent se focaliser sur les objectifs opérationnels », analyse Pontus Bodelsson. Aussi, plutôt que de mobiliser l’intelligence collective pour trouver de nouveaux leviers de création de valeur, l’entreprise a parfois eu tendance à se reposer sur ses lauriers.
… qui empêche toute clairvoyance !
Paradoxalement, même dans un groupe de presse comme HD-Sydsvenskan, rassemblant des journalistes talentueux qui ont naturellement tendance à remettre en cause l’autorité et dont le métier consiste à poser des questions, peut se développer une véritable stupidité organisationnelle. « Nous n’avons pas assez écouté les personnes qui remettaient en cause notre business model. Si nous l’avions fait il y a dix ans, si nous avions compris qu’Internet n’était pas juste un nouveau support de publication mais un vecteur de changement dans la manière de consommer l’information, nous aurions innové plus tôt. », analyse Pontus Bodelsson.