Les mauvaises habitudes, ces tueuses en série
Certaines habitudes enracinées dans l’organisation sont des tueuses.
Aussi répandues que populaires,
ces pratiques contre-productives n’éveillent pas la vigilance. Pire, elles sont contagieuses, souvent adoptées par mimétisme, sans recul critique, par l’ensemble des acteurs d’un même secteur. Elles empêchent la remise en question et grippent les facultés d’adaptation et d’innovation. Comment les jeter aux orties?
Vous en connaissez, des soi-disant «meilleures pratiques » qui sont inefficaces, stupides, voire carrément nocives! Entre autres: la course effrénée aux gains à court-terme qui provoque un ralentissement de l’innovation une baisse de performance à long terme, les horaires de travail à rallonge qui mènent à l’épuisement des équipes et aux erreurs stratégiques lourdes ou encore les millions dépensés dans des campagnes marketing et promotionnelles dont le retour sur investissement est nul (voire négatif)… Bienvenue en absurdie ! Selon Freek Vermeulen, les mauvaises pratiques touchent (quasiment) toutes les organisations. Elles sévissent à tous niveaux, dans tous les services : de la conception des produits à l’élaboration de la stratégie marketing, en passant par le management des équipes et de la chaîne logistique. Et elles ont la vie dure.
Pourquoi sont-elles si profondément ancrées?
Les décideurs des organisations plombées par les pratiques néfastes sont-ils masochistes ? Non. Le problème est qu’ils ne reconnaissent pas les mauvaises habitudes comme telles et/ou ne mesurent pas leurs effets. Freek Vermeulen pointe la « trinité infernale » expliquant cet aveuglement:
• Les mauvaises habitudes sont souvent associées (à tort) au succès. Dans chaque industrie, les pratiques des entreprises leaders sont supposées être gagnantes et sont donc sont largement imitées. Erreur:
– Le succès est une alchimie complexe, difficile (voire impossible) à dupliquer. Le Total Quality Management a fait la réussite des entreprises nippones dans les années 80. Loin de répandre ses vertus à d’autres organisations, son copier-coller hors contexte a généré de mauvaises habitudes chez les « suiveurs ».
– Les leaders possèdent aussi leurs propres travers. Les imiter en tous points revient à importer des failles qu’une organisation moins robuste supportera moins bien.
– Toute recette gagnante a une date de péremption. Certaines habitudes autrefois bénéfiques deviennent un jour dépassées et nocives, surtout dans un environnement qui réclame une perpétuelle adaptation.
• Leur nocivité n’est pas facile à démontrer.
Extrait de Business Digest N°294, Mars 2019
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