Les 4 mythes du perfectionnisme (à dégommer)
Notre société valorise le perfectionnisme, au point que des candidats le citent comme leur « défaut majeur » en entretien de recrutement, pensant ainsi faire bonne impression. Il est en réalité synonyme de souffrance mentale, de contre-performance et d’incapacité à s’adapter. A dégommer donc …
Le perfectionnisme est souvent présenté, et donc valorisé, comme le fait d’avoir des critères d’exigence élevés : il vous encourage à vous engager à fond, à vous dépasser et à tirer le meilleur des autres. N’est-ce pas merveilleux ? Il est en réalité toxique et contre-productif. Il est la cause de bon nombre d’échecs tant individuels que collectifs.
The Perfection Trap : The Power of Good Enough in a World That Always Want More de Thomas Curran (Scribner, 2023).
Mythe #1 : le perfectionnisme est affaire de personnalité…
Le perfectionnisme est en partie un trait de personnalité : chacun est perfectionniste à des degrés variés et selon des modes différents. Mais il comporte aussi une dimension sociale largement sous-estimée : notre culture le valorise, et vous incite à toujours faire plus et mieux.
C’est surtout un problème de société.
Les incitations sont nombreuses : « influenceurs », ouvrages de développement personnel, publicité ou même évaluations annuelles vous poussent sans cesse à combler vos lacunes et atteindre la perfection. Vous êtes bombardé d’injonctions à vous montrer résilient, à penser de façon positive et à exceller, et cette tendance s’accroît. Bien des candidats présentent le perfectionnisme comme leur défaut majeur en entretien de recrutement, pensant en faire une qualité remarquable. Et cette pression sociale est encore plus ressentie par les personnes qui auraient déjà tendance à être perfectionnistes.
Et la pression sociale prend de l’ampleur.
Une étude comparative montre une forte croissance du perfectionnisme issu de la pression sociale : il a augmenté de 40 % entre 1988 et 2020, quand le perfectionnisme lié à la personnalité n’a augmenté que de 2 à 3 % dans le même temps. Les psychologues parlent « d’épidémie invisible » pour qualifier ce phénomène exponentiel. En outre, il se développe plus particulièrement chez les jeunes – et ce, avant même la pandémie de Covid – chez qui il contribue à nourrir anxiété et sentiment d’inadéquation. Ce sont 2 enfants et adolescents sur 5 qui en souffrent aujourd’hui. Les attentes de la société vont bien au-delà des capacités de chacun.
Les 3 formes de perfectionnisme
Au cœur du perfectionnisme se trouve une relation difficile à soi-même et aux autres qui s’exprime de ces trois façons :
- Le perfectionnisme tourné vers soi : « Je me dois d’être parfait. Je me fixe des critères élevés voire inatteignables… »
- Le perfectionnisme induit par la société : « Les autres attendent de moi que je sois parfait. Je ressens fortement le besoin de me conformer à la pression sociale et d’être constamment parfait, sous tous points de vue. Je dois dissimuler tout défaut ou manquement. »
- Le perfectionnisme tourné vers les autres : « J’attends des autres qu’ils soient parfaits. J’ai un haut niveau d’exigence, personne ne l’ignore autour de moi. »
Et chacune de ces trois formes est plus ou moins présente en vous.
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