Interview Johan Jansson : comment j’ai arrêté de courir après le temps
En 2014, à deux doigts d’un burn out, Johan Jansson ouvre soudainement les yeux : son besoin de courir après le temps ne s’explique pas par une sur- charge de travail, mais par un manque d’efficacité. En même temps il prend aussi conscience de sa difficulté à canaliser son attention et son énergie sur les tâches à forte valeur ajoutée !
« J’ai passé quinze ans à courir après le temps, à être systématiquement en retard, à rentrer du bureau à 21h, à travailler le weekend… avant de comprendre que je ne manquais pas de temps, mais de façons de l’optimiser ! », explique Johan Jansson. Consultant en stratégie à Stockholm, il se rappelle ne jamais avoir travaillé autrement que dans l’urgence. « J’étais convaincu, comme la plupart de mes collègues d’ailleurs, qu’il me fallait toujours plus d’heures supplémentaires pour boucler mes dossiers. J’avais tout faux ! » Il lui a fallu frôler un burn out pour comprendre que ce n’était pas le temps qui lui faisait défaut, mais sa capacité à concentrer attention et énergie sur ce qui importe vraiment.
Une douloureuse prise de conscience
En mars 2014, Johan Jansson frôle le burn out. Sa femme le convainc alors de quitter son job de consultant pour prendre du temps pour lui. « À ce moment, j’ai commencé à m’intéresser sérieusement aux questions d’efficacité. La lecture de The 4-Hour Workweek (Crown Business, 2007) m’a beaucoup inspiré. Pour son auteur Tim Ferriss, quatre heures de travail par semaine sont suffisantes pour être épanoui et … riche. Si le propos est très caricatural, une idée a retenu mon attention : le fait que travailler plus ne permet pas toujours d’être plus efficace. Bien au contraire » Réfléchissant aux vraies raisons de son manque d’efficacité, son constat est implacable : il confond travailler longtemps et travailler efficacement.
« Ça a été un vrai choc, car j’ai alors compris que les quinze premières années de ma vie professionnelle étaient bâties sur une erreur de jugement. J’avais en partie sacrifié ma vie de famille et mes loisirs sans impact réel sur ma performance professionnelle. Les horaires à rallonge avaient sans doute même eu un effet négatif sur mon travail. »
Un problème d’attention et d’énergie
« Je suis ce qu’on appelle un ‘bûcheur’. Je n’ai pas de facilités particulières et j’ai toujours cru que je devais travailler davantage que les autres pour réussir aussi bien. En fait, j’ai réalisé que j’avais surtout un problème pour focaliser mon attention sur ce qui est important. » Fin 2014, alors qu’il pense créer son propre cabinet de conseil, Johan Jansson dévore une vingtaine d’ouvrages sur le sujet de l’efficacité personnelle et commence à repenser son rapport au temps. Pendant six mois, il note scrupuleusement dans un tableau Excel le temps qu’il passe sur chaque tâche et évalue de 1 à 10 son niveau de concentration et son niveau d’énergie. Au bout des six mois, il fait le bilan : « en étudiant le tableau, j’ai constaté que mes niveaux d’attention et d’énergie variaient énormément tout au long de la journée. En particulier, j’ai remarqué que mon attention chutait énormément après 45 minutes de travail intensif sur une tâche et que mon énergie diminuait tout au long de la journée, avec un regain à partir de
17h. Pour la première fois, je me rendais compte qu’une journée de travail de huit heures pouvait être amplement suffisante si je parvenais à réorganiser mes tâches pour mieux coller à ces cycles d’attention et d’énergie. »
Se fixer un objectif clair : la semaine de 40 heures
Début 2015, quand il crée sa société, Johan Jansson décide d’appliquer une recette vantée par Tim Ferriss : se fixer un objectif simple et s’y tenir. « C’était parfait, parce que je voulais justement que l’entrepreneuriat soit un moyen pour moi de mieux concilier vie professionnelle et vie person- nelle, j’avais donc besoin de tirer le maximum de mes journées ». Johan Jansson se fixe alors pour objectif de limiter sa semaine de travail à 40 heures maximum. À lui, de faire en sorte d’y caler à la fois ses rendez-vous clients, ses missions de conseil et la gestion administrative. « Le fait de me fixer cette simple contrainte a révolutionné ma manière de travailler. Par exemple, avant, je pouvais avoir tendance à relâcher ma concentration dans la journée et à procrastiner en me disant que j’aurai ma soirée ou le weekend pour avancer sur le dossier. »
Extrait de Business Digest N°281, novembre 2017
D’après en entretien avec Johan Jansson, Senior business consultant, Spotify, octobre 2017.
[highlight_box title= »Biographie » text= »Johan Jansson, Senior business consultant chez Spotify, Suède. Diplômé en management de l’Université de Stockholm et en économie de la London School of Economics. Après quinze années dans le conseil en stratégie au BCG et chez Bain, il a crée son propre cabinet en 2015, dont il a vendu ses parts debut 2017″ button= »LABEL_BOUTON » button_url= »URL_BOUTON » img= »https://business-digest.eu:443/wp-content/uploads/2017/12/BD281Jansson.jpg »]
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