Entre 1997 et 2007, les robots industriels ont détruit quelque 670 000 emplois manufacturiers aux États-Unis. Ce mouvement n’est pas près de s’arrêter puisque le nombre de robots dans l’industrie devrait encore être multiplié par quatre d’ici 20201. Et les emplois manuels ne sont plus les seuls menacés. Avec l’avènement des « machines intelligentes », les cols blancs peuvent eux aussi se préparer à céder leur place à des technologies « qui pensent ». Par exemple, début 2017, le programme Watson d’IBM a fait perdre leur poste à 34 employés de la compagnie d’assurance-vie Japanese Fukoku. Avec cette automatisation, l’assureur espère augmenter sa productivité de 30 % et économiser 1,65 million de dollars par an2. Comment adoucir la transition vers l’ère des machines intelligentes et préserver votre place dans ce nouveau paysage ? Dans leur ouvrage Humility Is the New Smart, Edward Hess et Katherine Ludwig off rent une perspective optimiste : plutôt que d’essayer de battre les machines à leur propre jeu, ils exhortent à jouer sur un autre terrain. Paradoxalement, le meilleur moyen de vous adapter à l’ère de la machine est d’en prendre le contrepied en devenant plus humain.
Spécificité humaine : redéfinir la notion d’intelligence
L’intelligence est habituellement définie en termes quantitatifs : untel est plus intelligent qu’untel, car il connaît plus de choses. Ce postulat s’inscrit dans une culture individualiste où chacun se compare aux autres et essaie de prendre l’avantage. Si nous nous en tenons à cette définition traditionnelle de l’intelligence, les humains ne peuvent pas rivaliser avec l’ordinateur, vue la rapidité avec laquelle les machines sont capables d’amasser et d’analyser de grandes quantités de données. Les auteurs estiment donc que « pour rester pertinents dans l’entreprise à l’ère des machines intelligentes, les hommes doivent exceller dans les fonctions qui viennent compléter l’apport de la technologie. »
Nous devons donc proposer une nouvelle définition de l’intelligence, fondée plus sur l’humilité que sur l’ego. « À l’ère des machines intelligentes, nous devons être moins autocentrés, au contraire nous ouvrir et accepter nos erreurs et nos faiblesses, nous tourner vers l’extérieur et solliciter ceux qui nous entourent pour nous aider à penser, innover, créer et apprendre encore et toujours ».
Pour les auteurs, cette nouvelle forme d’intelligence repose sur la qualité de notre réflexion, notre capacité d’écoute, notre esprit collaboratif, notre aptitude à gérer l’incertitude et notre propension à remettre en cause les croyances établies pour tester de nouvelles idées.