La peur, l’urgence et le changement
Vous souffrez d’une phobie des araignées ? Les thérapies comportementales, qui consistent à vous exposer progressivement ou brutalement à l’objet de votre peur pour vous insensibiliser fonctionnent très bien. Trop bien. Parallèle entre Covid et tout sujet exigeant un changement.
Avez-vous fait des provisions de pâtes ou de papier toilette lors de l’annonce de la découverte du variant Omicron ? Probablement pas. Qu’est-ce qui a changé depuis l’apparition de la Covid ? À force d’être exposé aux différentes vagues, vous avez vaincu votre peur du virus par une désensibilisation de fait avec les vagues successives. Lassé, vous finissez par ne plus réagir aux signaux d’alarme. Ce phénomène d’accoutumance handicape les stratégies de communication basées sur la peur - les communications alarmistes sur le HIV n’ont plus d’impact sur le taux d’utilisation des préservatifs !
Si elle parvient à motiver des actes ponctuels, la peur fonctionne rarement plus d’une fois. Elle peut vous inciter à vous faire vacciner, mais vous traînerez peut-être des pieds pour le rappel.
Deux stratégies s’avèrent bien plus efficaces que la peur pour ancrer des changements :
- Communiquer de façon positive : « Nous vous avons réservé une dose ! »
- S’appuyer sur la communauté : en période d’incertitude, l’être humain imite ce que font ses semblables. Savoir que x % de vos voisins sont déjà vaccinés vous incitera à faire de même.
Car il est clair que le déclenchement répété d’une alerte d’urgence comporte ses propres risques : l’accoutumance et l’ennui.
“We’re living through the ‘Boring Apocalypse”
d’Adam Grant (The New York Times, 13 décembre 2021).
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