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Synthèse

Ne confondez plus occupé avec efficace

Vous avez le sentiment d’avoir perpétuellement « la tête dans le guidon » ? Normal : tout vous pousse à participer à la course infernale à la productivité. Et si, au lieu de continuer à pédaler sans profiter du paysage, vous quittiez la compétition et descendiez du vélo pour décider du chemin que vous aimeriez emprunter ?

Vous répondez à vos mails le dimanche soir ? Recherchez des méthodes pour pirater votre cerveau pour être plus efficace ? Ne lisez plus que les chapeaux des articles qui vous intéressent, faute de temps ? Enchaînez les occupations à un rythme soutenu, en retirant de moins en moins de satisfaction ? Bienvenue à l’ère du « toujours plus », vouée au culte de l’activité constante et de l’amélioration perpétuelle… qui sont des leurres ! Car l’homo sapiens n’est pas une machine : il a besoin de pauses. À vouloir en permanence optimiser son temps, il finit par le perdre. Et perdre le sens de ce qu’il fait. Et si vous cessiez de vous affairer pour réinventer un monde qui vous correspond davantage ? En commençant par remettre en question quelques idées reçues sur la gestion du temps, la notion de performance et la course à la productivité. 

D’après

Do Nothing : How to Break Away from Overworking, Overdoing, and Underliving de Celeste Headlee (Harmony Book, 2020).


Idée reçue #1 : perdre son temps est un péché capital   

Chaque époque produit des héros qui incarnent ses valeurs dominantes. Bill Gates se levait à 4h chaque matin et travaillait 16h par jour aux débuts de Microsoft. Jeff Bezos et son équipe rapprochée disaient être connectés 24h sur 24, 7 jours par semaine au mitan des années 1990. Marissa Mayer était réputée pour travailler 130 heures par semaine chez Google. 

Ce modèle contemporain du patron workaholic n’est pas anodin : il participe au culte des horaires de travail à rallonge, qui s’est diffusée à tous les échelons de l’entreprise : la manière la plus simple – sinon la plus juste – d’évaluer la performance d’un collaborateur est de mesurer ses heures de travail. Cette logique purement quantitative est l’héritage de la vision du travail professée par Max Weber dans L’Ethique Protestante et l’Esprit du Capitalisme au début du 20e siècle. Le temps y équivaut à de l’argent : ne pas l’optimiser est comme un pêché capital. L’incitation à faire toujours plus – et la culpabilisation de ceux qui s’y opposent – s’est généralisée. L’oisiveté a plus que jamais mauvaise presse : utiliser chaque minute disponible est une vertu cardinale. Un impératif intériorisé par les individus, qui l’appliquent jusque dans leurs divertissements : les parcours de golf de 9 trous se sont multipliés parce que les joueurs trouvent trop longs les parcours classiques de 18 trous, selon une enquête réalisée en 20151. Une impatience similaire pousse un nombre croissant d’auditeurs de podcasts et de livres audio à doubler voire tripler leur vitesse d’écoute. 

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  1. « A round of Golf Takes Too Long to Play, Survey Finds », par Michael Roddy, (Reuters, Avril 2015). 
  2. « The Pen is Mightier Than the Keyboard: Advantages of Longhand over Laptop Note Taking », par Pam A. Mueller et Daniel M. Oppenheimer, (Psychological Science, Avril 2014). 
  3. « The Productivity of Working Hours», par John Pencavel, (Stanford Institute for Economic Policy Research, Novembre 2013). 
  4. « The Upside of Downtime: Why Boredom is Good », par Dr Sandi Mann, (Senior psychology lecturer, 2016). 
  5. « Polluted time », par Josh Fear (The Australia Institute, Survey, 2011). 

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Marianne Gerard
Publié par Marianne Gerard
Diplômée d’HEC (1998), Marianne est journaliste free-lance spécialisée dans le management et l’enseignement supérieur. Passionnée par la dimension humaine, elle suit aussi une formation en psychologie à l’université Rennes 2.