Le lanceur d’alerte et le Grand Mépris
Si les lanceurs d’alertes ont un rôle évident pour révéler de grands scandales et faire de nos sociétés des mondes meilleurs, ils n’ont que mauvaise réputation et mépris de la part du grand public, quand leur sécurité n’est pas menacée.
Quel est donc le problème, alors que tout le monde exige transparence et sincérité ? « La société continue de considérer les lanceurs d’alertes comme des traîtres ou des délateurs. Leurs actes ne sont pas perçus comme légitimes. » Tel est le constat d’une équipe de chercheurs d’HEC Paris, et ce malgré les mesures prises par bon nombre de pays pour améliorer leur statut et leur image. Les chercheurs ont voulu identifier des solutions qui permettraient aux lanceurs d’alertes d’être entendus et écoutés en toute légitimité.
En décortiquant conversations, interviews et ouvrages de lanceurs d’alertes qui ont été entendus par l’opinion publique (Bowen et Citigroup ou Casey et Mado pour n’en citer que deux), et en analysant les retombées presse de leurs a aires respectives, ils ont identifié que : un bon storytelling permettrait au lanceur d’alerte d’être entendu et de légitimer son action.
Un récit percutant repose sur 4 caractéristiques clés : l’événement lui-même ; un moral d’acier du lanceur d’alerte (moralité, ingéniosité, détermination); les contraintes à faire sauter et les conséquences, soit l’impact positif sur la société de l’« affaire ». Les chercheurs ont ainsi créé un modèle « qui montre exactement comment la légitimité d’un rôle est créée et entretenue par le biais du storytelling », selon Hervé Stolowy. L’objectif est que les dirigeants comme le grand public comprennent l’efficacité des lanceurs d’alertes pour le bien commun. Et sans bonne histoire à raconter, le lanceur d’alertes prend le risque de ne passer que pour un ignoble délateur.
Pour en savoir plus : « Comment le storytelling peut renforcer l’action des lanceurs d’alertes », basé sur un entretien avec Hervé Stolowy et Luc Paugam et les travaux qu’ils ont menés avec Yves Gendron (Université de Laval) et Jodie Moll (Alliance Manchester Business School) (Knowledge@HEC, septembre2018)
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