Tous les jours, de nouvelles start-up émergent, réinventant les business models et bousculant des pratiques managériales qui faisaient pourtant, jusque-là, parfaitement leurs preuves. Les dirigeant de grands groupes savent désormais que s’ils n’évoluent pas, le marché le fera pour eux – et à leur place. Dans cette perspective, nombreux sont ceux qui souhaitent donner à leurs collaborateurs la liberté de développer des idées qui assureront la pérennité de l’entreprise. Mais pour que ces idées naissent et se transforment en business, de véritables aptitudes entrepreneuriales sont nécessaires. Aptitudes qu’une nouvelle forme de reverse mentoring – entre startupers et managers – peut aider à faire émerger.
Déverrouiller des points de blocage
« Le reverse mentoring que je promeus, et qui porte des fruits immédiats, est un échange en face à face de patron à patron, de décideur à décideur, prévient Cyril Garnier, Directeur Général de SNCF Développement, filiale de développement économique et de soutien à l’entrepreneuriat de la SNCF. Il ne s’agit pas de demander aux générations Y et aux millennials de montrer à leurs aînés comment utiliser les outils digitaux. Ce qui n’est pas inutile, mais relève davantage de l’acculturation, de la diversité générationnelle. » « Il s’agit plutôt d’apporter l’éclairage et l’expérience d’un startuper expérimenté pour déverrouiller des points de blocage précis dans le projet d’un intrapreneur », ajoute Julien Masson, cofondateur de Whyers (voir encadré). En trois ou quatre heures, des années de retour d’expérience sont partagées et mises à profit pour permettre à un porteur de projet issu d’un grand groupe de développer, par effet miroir, ses capacités à trouver des solutions innovantes pour son projet.
S’appuyer sur un regard extérieur neuf
Au sein de la SNCF, par exemple, Bertrand Houzel voulait créer en 2012 un logiciel capable d’optimiser le placement des trains en gare. En seulement trois heures, John Guy Park, patron de la start-up Bon de Visite, l’a aidé à lever des points de blocage en l’invitant à revoir le pricing de l’offre et à intégrer un directeur financier dans l’équipe managériale. Pour que ce mentoring fonctionne, le startuper n’a pas besoin de maîtriser le sujet. Au contraire, l’idée n’est pas de répliquer un succès antérieur. C’est le décalage qui apporte la solution, la capacité à sortir du cadre. Autre exemple : en 2013, le patron d’une PME d’électricité a créé un capteur mesurant le temps d’attente des taxis et le nombre de personnes attendant aux stations pour guider les chauffeurs vers leur clientèle. En assistant au pitch de plusieurs startupers, il a soudain pris conscience de l’urgence de changer son équipe technique pour trouver un moyen de développer en trois ou quatre semaines son application mobile, ce qu’il n’était jusqu’alors capable de réaliser qu’en plusieurs années. Ainsi est née l’application Olga par Visucab. La force du reverse mentoring est d’aider à créer ce déclic, une sorte de « saut quantique » qui permet de penser autrement et d’innover rapidement.