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Synthèse

De quoi un leader éclairé est-il fait  ?

L’approche performative de la performance est remise en question, sortant des cercles financiers et opérationnels pour englober de nouvelles dimensions, sociétales et environnementales. La recherche du profit à tout prix en misant sur le capital et le travail est remise en cause. La société dans son ensemble est désormais en quête de sens et d’utilité. Tout cela crée un terreau éminemment favorable à l’articulation d’un modèle de leadership dit éclairé. Mais qu’est-ce que cela implique pour vous au quotidien ?

Aujourd’hui l’un de vos principaux défis est de réconcilier profit, impact social et environnemental. Une gymnastique qui vous demande d’être focalisé à la fois sur vos objectifs à court terme, toujours soumis à la pression des marchés, et sur vos ambitions à long terme, qui définissent l’utilité de l’entreprise dans la société. Parallèlement vous avez aussi la responsabilité d’insuffler les dynamiques collaboratives, qui permettront de répondre à cette double injonction, en autorisant intelligence collective, agilité, résilience et l’ouverture au monde. Seul un leadership éclairé permet de répondre à ces deux impératifs en développant trois caractéristiques qui contribuent à aligner le « Je » et le « Collectif ».  

 

Il est vecteur de sens

L’homme ne peut exister sans donner du sens à l’environnement dans lequel il doit survivre et se développer. C’est un besoin primaire qui devient difficile à satisfaire dans des entreprises soumises à un chaos qui repousse sans cesse les frontières du possible en bouleversant les croyances les plus enracinées. Un leader utile est capable d’amener ses équipes à donner un sens au chaos pour donner, par rebond, du sens à leur travail. C’est là le premier pilier du leadership éclairé.  

 

  • Inspiration : Jostein Solheim (Unilever) 

Aujourd’hui le concept de raison d’être est très en vogue et la grande majorité des entreprises s’en saisissent, avec plus ou moins de bonheur. En effet, si la définition d’une raison d’être peut être un exercice stratégique hautement fédérateur et porteur de sens, s’il est bien mené, il n’est pas sans écueil. Il sera vain s’il se résume à un coup de com sans suite, s’il est dicté par les dirigeants ou si, à l’inverse, ces derniers s’en absolvent. Pour éviter ces écueils, la meilleure approche consiste à articuler votre propre raison d’être et la raison d’être collective, dans un esprit d’enrichissement et de prolongement mutuel. C’est ce qu’a fait Jostein Solheim, ex-président de Ben & Jerry’s. Marque résolument engagée pour l’environnement et la justice sociale depuis sa création en 1978, Ben & Jerry’s appartient au groupe Unilever depuis 2000. En 2010, alors que la marque est en perte de vitesse, Unilever place à sa tête Solheim, réputé pour son efficacité à redresser les barres en des temps record. 18 mois plus tard, Ben & Jerry’s a renoué avec la croissance et son nouveau président se voit proposer un pont d’or dans le groupe. Proposition qu’il refuse, arguant qu’entre temps il a pris conscience de l’alignement entre la raison d’être de l’entreprise – « faire les meilleures glaces possibles de la meilleure façon possible » – et la sienne, qui consiste à aider les autres à s’épanouir dans le paradoxe et l’ambiguïté au service ce qui comptent vraiment. Partir à ce moment-là, ç’aurait été trahir et son entreprise et sa mission en tant qu’individu. Pendant sa présidence, Ben & Jerry’s a renforcé l’ensemble de ses engagements, désormais incarnés par des collaborateurs convaincus de participer à un projet utile (et profitable aussi).  

 

  • Impact #1 : des ambitions plus durables et un engagement retrouvé 

Les entreprises pilotées par des leaders éclairés portent généralement plus haut leurs ambitions. Elles sont souvent plus ancrées sur des problèmes concrets, en lien avec l’ensemble de leurs externalités positives et négatives. Un leader éclairé est aussi éclairant : en contribuant à la construction d’une « raison d’être » partagée, il permet à ses équipes de donner du sens à leur mission quotidienne. À condition que son attitude et ses pratiques de leadership fassent écho à cette aspiration. Et donner du sens, c’est permettre à chacun de trouver sa place dans l’organisation, de contribuer à un projet qui dépasse sa personne et aussi de progresser sur son chemin de vie. Il y a donc adéquation entre identification à l’organisation, développement professionnel et développement personnel. C’est là l’un des tous premiers leviers de l’engagement qui fait tant défaut aux organisations actuelles. Selon Nick Craig, donner du sens à son travail fait grimper de 93 % l’engagement par rapport à ceux qui ne trouvent pas un sens spécifique à leur activité professionnelle. 

 

Il est empathique et inclusif

Comme la raison d’être, l’empathie est aussi très à la mode. Souvent assimilée à la bienveillance, qui est une valeur morale, l’empathie couvre un champ bien plus complexe. C’est à la fois un phénomène physique – tu ris, je ris, tu pleures, je pleure – et un phénomène psychique qui nous permet de nous mettre à la place d’un autre pour percevoir ce qu’il ressent. L’être empathique a la capacité de prendre soin des autres, tout en disposant d’un outil puissant de développement de ses propres capacités cognitives. Que pourrait-on souhaiter de mieux en matière de leadership ? 

 

  • L’inspiration : Satya Nadella (Microsoft)

Extrait de Business Digest N°301, Novembre 2019

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Françoise Tollet
Publié par Françoise Tollet
Elle a passé 12 ans dans l’industrie entre autres chez Bolloré Technologies. Elle dirige Business Digest depuis 1998, société qu’elle a cofondée en 1992 et dont elle a décidé du big move vers Internet dès 1996… avant même d’en rejoindre l’équipe.